Dent du Géant – Le saut inaugural du projet PARA4000
Octobre 2023, quelques jours après un saut depuis l’Olan (Une belle face de presque 1000 mètres dans le massif des Écrins) on a un créneau pour un saut à 4000m. À ce moment-là, le projet Para4000 n’existe pas encore, je n’ai jamais sauté à cette altitude. Je contacte Jamie alias captain manicorn avec qui j’ai ouvert un saut depuis le Gendarme rouge du Peigne une semaine avant, et je contacte aussi Pablo Etienne qui est un solide montagnard !
On a tous un créneau de libre, les conditions sont bonnes pour l’ascension de la Dent du géant et les prévisions météos sont toutes d’accord pour dire qu’il va y avoir une période sans vent en altitude. Notre objectif était de faire un premier saut de BASE jump depuis un sommet de plus de 4000m, nous avions donc le choix entre plusieurs sommets dans les Alpes.
Pour définir notre objectif et choisir ce sommet, il nous a fallu trouver la bonne combinaison entre nos expériences, ce que nous permettait notre matériel (Jamie et Pablo n’avaient pas de matériel léger à ce moment-là, difficile donc de réaliser une voie difficile), notre niveau technique (qui allait nous permettre d’avoir une marge au sommet et donc de réaliser un saut en toute lucidité), les conditions du moment ainsi que nos envies. Nous nous décidons donc pour la fameuse Dent du géant, culminant à 4013m dans le massif du Mont Blanc.

Le saut a déjà été ouvert par Patrick de Gayardon et Bruno Gouvy en 1990, puis régulièrement pratiqué par les BASEUX. Nous savons donc qu’il s’agit d’un saut plutôt “classique” avec une hauteur suffisante nous permettant une bonne marge. La plateforme de départ est assez grande et bien plate (ce qui est plutôt rare dans les sauts de haute montagne) ce qui nous permettra d’éviter tout stress lié à l’exit et à l’impulsion. La ligne de vol est grandiose, avec un sous-voile de près de 10 minutes pour rejoindre le posé en Italie.

Nous partons donc avec la première benne du skyway à Courmayeur, pour se lancer corps et âme dans l’ascension de la dent ! Les conditions sont excellentes, le regel est présent et nous sommes rapidement à l’attaque de la voie. Devant nous quelques cordées qui ne nous gêneront pas dans l’ascension. Avec Pablo on alterne le lead et on grimpe efficacement et rapidement sur ce sommet équipé de grosses cordes fixes. On arrive au sommet vers 11h30 et quelques minutes plus tard nous sommes à l’Exit. Nous démontons nos piolets, organisons notre matériel et nous nous préparons pour le saut. On va sauter en petit train, chacun tenant l’extracteur de l’autre et le dernier en static line.
Après un dernier check mutuel, on s’approche du vide, on se souhaite à chacun de passer un bon saut, et Pablo s’élance dans le vide. Vient le tour de Jamie, il allume la caméra et se lance dans le vide à son tour. Je lui tiens la drisse et l’extracteur et dès qu’il s’est éloigné de quelques dizaines de mètres de moi, je saute à mon tour. Ma voile a une légère abattée après l’ouverture, m’obligeant à une bonne réactivité pour reprendre la bonne direction. Nous passons proche des Marbrées, de l’arête de Jétoula et nous nous offrons même le luxe de prendre quelques thermiques aux côtés de parapentistes au-dessus du pavillon (la gare intermédiaire du skyway).





Puis après une bonne vingtaine de minutes de vol, nous arrivons finalement à nous poser dans l’immense champ proche de la voiture. Nous nous tombons dans les bras, heureux d’avoir pu réaliser pour tous notre premier saut à 4000m d’altitude. Je ne savais pas encore que cela allait être le début d’une belle aventure.
Je retiens de cette aventure que la marge physique, technique et horaire nous a permis d’être vraiment détendu à l’exit et de garder une bonne disponibilité mentale pour réagir en cas de problème. C’était important sur un saut de cette altitude, d’autant plus que c’était notre premier saut à tous les trois.
A très vite pour de nouveaux sommets !
Valentin palardy.