Mont-blanc

Objectif Premier Mont Blanc : Lucidité, engagement et gestion du risque à 4807 mètres

Cette aventure au Mont-blanc débute après une semaine chargée en alpinisme. Je viens d’effectuer l’ascension d’une belle arête dans les aiguilles de Chamonix, l’enchaînement République – Charmoz – Grépon. On ne fera pas le sommet du grépon justement pour que l’on puisse monter au refuge des cosmiques le jour même.

Donc après cette folle aventure, je retrouve Jamie aka CaptainManicorn pour notre plus grand projet à ce jour, combiner l’ascension du plus haut sommet d’Europe occidentale et le plus haut saut en BASE Jump d’Europe ! Avec en prime, le record de la plus haute static-line d’europe également !

Nous choisissons de grimper la grande bosse par la voie des 3 monts. Elle s’apelle comme cela car il faut grimper succéssivement le Mont blanc du Tacul, le Mont Maudit pour finir sur le Mont Blanc. Mais notre aventure ne s’arêtera pas la, il nous faudra également redescendre coté italien, en passant par le Mont Blanc de Courmayeur, puis emprunter l’arête du Brouillard et enfin déséscalader vers le Pilier Central du Freney, ou se situe notre exit.

Il est 17 heures, nous venons d’arriver au refuge des Cosmiques, situé sous l’Aiguille du Midi à environ 3600m. Cette nuit à cette altitude nous servira d’acclimatation, mais elle sera courte puisqu’a une heure du matin, nous sommes déjà partis pour gravir notre premier obstacle : Le Mont Blanc du Tacul.

Cette grosse bosse de neige et de glace se négocie rapidement, en 1h20 nous sommes sur l’épaule neigeuse après 800m de dénivelé. Les conditions étaient remarquablement bonnes ! Nous filons vers le second sommet et son mur de glace, le Mont Maudit.

Nous butons rapidement sur le mur de glace du Mont Maudit. Le passage le plus délicat sera à la Rimaye (la première crevasse, entre la glace en mouvement et celle collé sur le sommet) mais des cordes sont en place pour nous aider et nous franchirons rapidement ce sommet pour rejoindre notre dernière étape d’ascension : Le Mont Blanc.

Nous arrivons vers 8h au sommet du Mont-Blanc, en pleine forme physique et mentalement, nous avons de la ressource et c’est tant mieux, nous allons en avoir besoin…

Le vent au sommet est trop important, près de 40 km/h, c’est beaucoup, surtout quand on à prévu de descendre en volant. Nous avions prévu qu’il y ait du vent au sommet, mais pas autant, pas à ce point là. La désillusion est grande, nous hésitons à redescendre de suite par la voie normale, chargée de nos parachutes qui ne nous serviront pas. Puis en faisant le point, nous savons que nous avons de la marge dans nos horaires, et que nous sommes encore en bonne forme physique, on décide donc de pousser la reconnaissance jusqu’à la face Sud.

Et le miracle se produit, une petite centaine de mètres sous l’altitude du sommet du toit des Alpes, le vent se fait moins fort, on est comme protégé par la large épaule de neige. On décide donc de se rendre à l’Exit, au sommet du Pilier Central du Freney et de tenter le saut !

On désescalade une arête neigeuse étroite, puis une autre pente de neige qui se transformera en une désescalade en terrain mixte. Le rocher est vraiment pourri, on décide de tirer un rappel nous menant vers le pied de la chandelle du Freney. Nous ne sommes plus qu’à une longueur du sommet, et je retrouve enfin le Granite sain du massif dans cette dernière longueur d’escalade. Mais malheureusement, arrivés au sommet, nous devons encore nous employer pour désescalader jusqu’à notre inconfortable point de saut.

Nous y sommes enfin, la centaine de mètre de vide est à nos pieds, nous troquons nos baudriers et cordes contre notre parachute, nous rangeons notre matériel soigneusement dans les sacs et la wingsuit de Jamie, quand tout à coup, nous voyons un hélicoptère arriver sur nous, et déposer à quelques mètres de la, 4 wingsuiteur. Notre déception est grande, et cela vient légèrement gâcher notre plaisir, mais quand on s’aperçoit que c’est Tim Howell, Peter Salzmann, Marco milanese et Scott Paterson la pression redescend et on est content de voir des têtes connues à 4500m d’altitude. 

On se recentre sur notre saut, et on termine de se préparer. Je ne trouve pas tout de suite comment prendre appui sur le rocher pour avoir une poussée efficace. Puis finalement, je décide de pousser unilatéralement sur une petite marche en dévers. Jamie tient la petite cordelette de déport, et alors que je tient mon sac d’alpinisme chargé de matériel devant moi, je pousse aussi fort que je peux et je m’élance. La voile s’ouvre et je me retrouve en vol, a près de 4500m d’altitude, plus haut que toutes les montagnes autour de moi.

Je me dirige vers la vallée et je passe non loin de nombreux géants des Alpes. J’arrive au-dessus de l’atterrissage, Jamie qui a sauté après moi a pourtant déjà atterri, c’est sûr que c’est plus rapide quand on vole à 200 km/h ! Je pose comme une fleur, près du van et alors que ma voile se pose sur le sol, je lève les yeux au ciel pour observer cette immense face sud du Mont blanc, que je viens de sauter. L’émotion est grande.

Grâce à une minutieuse préparation, de bonnes marges physiques et horaires, nous avons pu tenter le coup de poker qui s’est avéré gagnant ! Merci !

Cette journée est à l’image du projet Para4000 : un équilibre entre ambition et prudence. Un pas de plus vers une nouvelle manière de penser l’aventure, entre ciel et montagne.